La Sicilienne, un film de Marco Amenta

En salles LA SICILIENNE de Marco AMENTA inspiré de la tragique histoire de RITA ATRIA fille de mafieu qui collabora avec le juge Borsellino pour faire arrêter les membres du clan de son village.

Mafias et parrains en tous genres ont fait les beaux jours du cinéma, le haut du pavé étant tenu par les italiens, américains et chinois. Des histoires de machos au grand coeur ou de vengeances sordides bien loin de la réalité peu glorieuse de ce que fait subir la Pieuvre aux populations terrorisées.

Les réalisateurs et scénaristes italiens ont décidé de tordre le cou aux légendes et proposent une vision plus exacte, documentaire, de la mafia comme les récents GOMORRA et BIUTIFUL COUNTRI en sont la preuve.

« Mostro gli uomini d’onore cosi come sono, senza romanticismo », confie Marco AMENTA à propos de son film LA SICILIENNE.

Palermitain, reporter-photographe (Paris Match, l’Express, Libération) puis documentariste, il a déjà réalisé un documentaire (La Siciliana ribelle) sur la courte vie de Rita ATRIA une jeune fille qui se rebelle et enfreint « l’Omerta « (loi du silence). Y sont soumis tous ceux qui connaissent les agissements des clans, et en tout premier lieu les femmes qui voient tout et savent tout. Quand ne leur est pas dévolu le rôle de la putain magnifique elles sont le plus souvent réduites à la figure de pleureuses, ombres noires et silencieuses qui traversent les films.

Le film, librement inspiré de l’histoire de Rita, innove en donnant à une femme le rôle principal dans un univers habituellement macho.

Décidée à venger son père après qu’il a été tué sous ses yeux le jour de sa communion, elle noircit ses carnets d’écolière en attendant de pouvoir passer à l’acte. C’est ce journal, confié au procureur anti-mafia qui permettra de confondre tous les membres de COSA NOSTRA de son village.

Tourné dans une Sicile austère et sombre à l’image des drames qui s’y déroulent  » LA SICILIENNNE » démonte l’impitoyable mécanisme qui l’éloigne peu à peu des siens. A mesure que l’étau se referme sur eux cette jeune fille butée et déterminée ne peut plus vivre normalement, obligée à changer sans cesse d’identité et de cachette.

Sa soif de vengeance se transforme en désir de justice. « Le destin de Rita est un destin tragique à la Antigone, qui place la morale au-dessus des règles sociales. »

Considérée par certains comme une héroïne et un exemple, par d’autres comme une traîtresse et une salope, Rita, rejetée par sa mère se sent complètement abandonnée après
les tragiques assassinats de ceux qui la protègent.

Le personnage, remarquablement interprété par VERONICA D’AGOSTINO, évolue petit à petit et remet en question la figure du père adoré et ses convictions, au contact du procureur (un peu BORSELLINO, un peu FALCONE), campé sobrement par GERARD JUGNOT.

De nombreux critiques français sont choqués par le doublage de Gérard JUGNOT. Outre que le doublage (comme la post-synchronisation) est une vieille maladie bien connue en Italie (jusqu’aux années 80 les films n’étaient pas tournés en son direct), ceux qui comme moi n’ont guère de goût pour les comédies franchouillardes et ne connaissent pas la voix de l’amuseur gaulois ne pourront recevoir cet argument pour descendre le film. Faut-il rappeler, entre autres nombreux exemples, que ce n’est pas la voix de Claudia CARDINALE que l’on entend dans Le GUEPARD et que dans les films de FELLINI seul MASTROIANI n’était pas doublé !

Dont acte !

Marie SOREL

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