Italinscena: Motus – Alexis, une tragédie grecque

Antigone à Exarchia

La compagnie italienne Motus, groupe historique du théâtre de recherche qui s’est formé dans les années ’90 autour d’Enrico Casagrande et Daniela Nicolò, présente à La Villette (Salle Boris Vian, jusqu’au 12 mars) « Alexis. Une tragédie grecque ».


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Les affrontements entre des policiers et de jeunes lycéens et étudiants à Athènes, dans le quartier central d’Exarchia, qui en décembre 2008 avaient provoqué la mort d’un jeune de quinze ans, Alexis Grigoropoulos, sont le point de départ du spectacle. Et pourtant ce travail de Motus est tout sauf du théâtre documentaire. Certes, le document est cité et donné en tant que tel dans les formes et selon les modalités habituelles de ce type de théâtre (interview filmées, projections d’images filmées, extraits d’émissions télévisées d’information de l’époque). Mais le centre de la quête de Motus ne se situe pas dans la reconstitution d’un fait ou de ses raisons latentes. Il ne s’agit pas de représenter la friction entre artistique et réel.
La recherche de Motus est une quête sur le sens même du théâtre, et notamment du théâtre aujourd’hui. Tout le spectacle se construit autour du travail du groupe pour une nouvelle mise en scène de l’Antigone de Sophocle (par l’intermédiaire de l’adaptation brechtienne) ancrée dans le monde présent.

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Quatre acteurs sur scène relatent cette recherche conduite en Grèce. Antigone, la tragédie grecque où l’héroïne incarne l’humanité, la morale qui se révolte contre le pouvoir incarné par les lois du roi-tyran Créon, fournit l’outil pour sonder la tragédie actuelle d’Alexis. A travers Antigone prennent corps de nouvelles figures de jeunes révoltés, les jeunes athéniens d’Exarchia, mais aussi tous les jeunes et toutes les rébellions contre le pouvoir, y compris les plus récentes, comme nous le montrent les arrêts sur image sur les titres des quotidiens concernant les faits de Tunisie, Egypte et Lybie. Le public même est invité sur scène à répéter le geste de rébellion d’Alexis.

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La citation d’amples passages tirés de l’Antigone (un passage tiré du Prologue : Antigone déplore l’injustice des lois du roi Créon qui ont décrété que le corps de Polynice, coupable de trahison envers la cité, demeure sans sépulture ; ensuite des passages des différents épisodes : le récit du garde qui relate le crime de celui qui a voulu défier ces lois de Créon et qui se découvre être Antigone, le dialogue entre Antigone et Créon, puis les épisodes avec Hémon et Tirésias) n’a pas pour fonction d’ordonner un réel chaotique et violent en en donnant une clé de lecture fiable dans l’interprétation fixée par le mythe tragique. Car ce processus citationnel est doublé de la citation du travail artistique de la construction de la mise en scène d’Antigone par Motus, un travail qui a donné naissance, à partir d’août 2008 à quatre spectacles : Di quelle vaghe ombre. Prime indagini sulla ribellione d’Antigone ; Let the Sunshine in. (Antigone) contest#1 ; Too late ! (Antigone) contest#2 ; Iovadovia. (Antigone) contest#3. La mise en scène parvient même à une autocitation visant à brouiller tout soupçon d’évidence réaliste : au moment culminant de la reconstitution sur le plateau de la scène centrale du meurtre d’Alexis, un enregistrement vidéo rediffuse images et audio du récit-témoignage du personnage-acteur qui ouvre le spectacle.

L’approche du réel ne se fait qu’à l’intérieur de ce parcours éminemment artistique : c’est en se questionnant sur l’identité d’Antigone aujourd’hui que Motus la retrouve à Exarchia.

Paola Ranzini

Motus. Alexis. Une tragédie grecque.

Traduction de Nicolas Lehnebach

Mise en scène, lumières et scénographie Enrico Casagrande et Daniela Nicolò

Dramaturgie Daniela Nicolò

Montage vidéo Enrico Casagrande

Son Andrea Comandini

Avec Silvia Calderoni, Vladimir Aleksic, Benno Steinegger, Alexandra Sarantopoulou

Assistanat à la mise en scène Nicolas Lehnebach

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Renseignements pratiques :

Alexis. Une tragédie grecque

par la Compagnie MOTUS

1er > 12 mars 2011 Grande halle de la Villette, salle Boris Vian

Infos sur www.villette.com – 01 40 03 75 75

Spectacle en italien surtitré en français


> Mardi, mercredi, vendredi et samedi à 20h30 / jeudi à 19h30
(Relâche le samedi 5 mars)

> Plein tarif : 16€ / Tarif réduit : 12€ / Villette Jeunes (- 26 ans) : 10 € / Carte Villette : 10 €

> Plus d’infos sur http://www.villette.com/agenda/Motus-2011.htm

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Tarif préférentiel internautes «ALTRITALIANI.NET»

12 € (au lieu de 16 €)* pour découvrir le spectacle Alexis. Une tragédie grecque

* Offre tarifaire limitée à deux billets par personne, dans la limite des places disponibles.

Réservation indispensable au 01 40 03 75 75. Code à donner lors de la réservation : 241380

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Italinscena est un rendez-vous d’exploration critique des nouvelles écritures théâtrales italiennes proposé par les lecteurs et traducteurs du Comité italien de la Maison Antoine Vitez en partenariat avec ALTRITALIANI.NET

Il se poursuivra régulièrement tout au long de la saison sur Altritaliani.

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Membres du comité italien: Antonella Amirante (metteuse en scène), Sylvia Bagli (comédienne, traductrice), Angela de Lorenzis (dramaturge), Eve Duca (enseignante, traductrice), Olivier Favier (traducteur), Juliette Gheerbrant (traductrice), Hervé Guerrisi (comédien, traducteur, metteur en scène), Federica Martucci (comédienne, traductrice), Amandine Mélan (traductrice),Caroline Michel (comédienne, traductrice), Antonia Proto Pisani (dramaturge), Julie Quénehen (enseignante, traductrice), Paola Ranzini (enseignante)

Pour contacter le comité italien: italinscena@live.fr

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