Italinscena: La maladie de la famille M., de Fausto Paravidino

gpr_maladie1011.jpg
C’est l’histoire d’un médecin mutualiste spécialisé dans les maladies tropicales. Ou plutôt c’est l’histoire d’un médecin de campagne confronté au problème d’une famille italienne en crise de cohabitation aigüe, doublée d’une singulière névrose collective, le tout dans un village quelconque, à une époque indéterminée. Ou encore c’est l’histoire d’une famille qui n’a pas de nom de famille, sinon une simple initiale, M comme la mère morte quelques années auparavant, ou M comme la mort en général qui semble hanter la pièce avant d’élire, dans la dernière scène, son plus jeune personnage. À cette manière de faire un joli nœud au drame – bien sûr vous haïssez l’auteur qui jusque là vous faisait rire – on repense aux scénarios de Luigi Comencini ou d’Ettore Scola.

Drame ai-je dit ? Sans doute, mais pas seulement. Bien sûr, d’aucuns verront un Lagarce, un Tchékhov italien – pour le second la référence est explicite -, où le silence, évidemment, serait à l’italienne – au-delà du cri et de la démesure, juste au-delà, parfaitement silencieux pour les non-spécialistes. Mais pour le reste, on ne quitte jamais vraiment la comédie, une comédie qui ne fait pas la moue devant quelques traits vaudevillesques. Avouons-le, dans le genre, on n’avait rien entendu d’aussi jubilatoire depuis De Filippo. Tout y est, le trio amoureux, le vieillard qui consacre ses dernières années à rendre impossible la vie de sa descendance, sa fille célibataire et frustrée secrètement amoureuse du médecin. Pauvre médecin qu’on aurait presque oublié en route et qui finira par s’envoler pour l’Afrique, où il pourra exercer sa spécialité de toujours, sur des gens qu’il faut vraiment soigner.

J’ajoute une mise en scène des plus réussies de l’auteur, assistée de son impeccable traductrice Caroline Michel – si impeccable que, justement, on oublierait d’y penser.

Olivier Favier

arton2651-47df0.jpg


— –

La Maladie de la famille M., de Fausto Paravidino

Traduit de l’italien par Caroline Michel. Mise en scène de Fausto Paravidino. Avec Christian Blanc, Luigi Pierre Louis-Calixte, le Médecin Marie-Sophie Ferdane, Marta Benjamin Jungers, Gianni Suliane Brahim, Maria Nâzim Boudjenah, Fulvio Félicien Juttner, Fabrizio et Denis Chouillet, pianiste (en alternance) Vincent Leterme, pianiste (en alternance) Décor, Laura Benzi Costumes, Anne Autran Lumières, Pascal Noël Musique originale, Denis Chouillet Assistante à la mise en scène, Caroline Michel Assistante aux costumes, Nadège Bourmaud

Pour la première fois à la Comédie-Française

Représentations au Théâtre du Vieux-Colombier : mardi à 19h, du mercredi au samedi à 20h, dimanche à 16h, relâche lundi

Prix des places : de 8 € à 29 €

Renseignements et réservation : au guichet du théâtre du lundi au dimanche de 11h à 18h, par téléphone au 01 44 39 87 00/01 ou sur
le site de la Comédie française

****

Italinscena est un rendez-vous d’exploration critique des nouvelles écritures théâtrales italiennes proposé par les lecteurs et traducteurs du Comité italien de la Maison Antoine Vitez en partenariat avec ALTRITALIANI.NET

Il se poursuivra régulièrement tout au long de la saison sur Altritaliani.

Maison Antoine Vitez

Centre International de la Traduction Théâtrale

134, rue Legendre – 75017 Paris

Téléphone : 01 42 63 44 50 / Fax : 01 42 63 44 51

http://www.maisonantoinevitez.fr/

Membres du comité italien: Antonella Amirante (metteuse en scène), Sylvia Bagli (comédienne, traductrice), Angela de Lorenzis (dramaturge), Eve Duca (enseignante, traductrice), Olivier Favier (traducteur), Juliette Gheerbrant (traductrice), Hervé Guerrisi (comédien, traducteur, metteur en scène), Federica Martucci (comédienne, traductrice), Amandine Mélan (traductrice),Caroline Michel (comédienne, traductrice), Antonia Proto Pisani (dramaturge), Julie Quénehen (enseignante, traductrice), Paola Ranzini (enseignante)

Pour contacter le comité italien: italinscena@live.fr

Article précédentGli eretici
Article suivantSorties DVD de films italiens récents : Draquila l’Italie qui tremble, La Bocca del lupo, Question de cœur et L’heure du crime