La Compagnie EMTHEATRE et Eleonora Marino présentent: «Cooking religion».

116 Quai de Jemmapes, dans le Xe arrondissement de Paris. Au premier étage de l’espace culturel, un alignement de patates mène au cœur d’une installation sonore et colorée. Façon Petit Poucet. Au-dessus d’un tapis de verdure synthétique sont disposées diverses compositions. A peine gourmandes, si peu amènes, mais significatives d’un parti pris.
D’abord la vidéo projection d’images arrosant une table blanche avec ses quatre couverts dressés. La table sonne comme un mirage, une illumination. Les assiettes n’en sont pas moins vides. Effet de leurres. A côté, un gros bidon d’huile végétale semble attendre son travail de cuisson.

P1040116.jpgAu fond de la pièce, un Frigidaire, la porte ouverte, gavées de vraies fausses victuailles : soupe Royco, Kub Or, pâtes alimentaires, un bouquet de fleurs, un chapelet d’ail et d’oignon, une boîte de ravioli « pur bœuf » Auchan, un sachet de pasta Corzetti. Calée au fond du frigo, une représentation de la Vierge. Stupéfaite sans doute. Foin d’Annonciation mais une consternation peut-être. Il y a de quoi, quand sous le regard d’un tablier de cuisine suspendu, ceinturé d’un grillage, repose comme une tombe l’empilement d’une alimentation mort-née. Pêle-mêle se bouscule la consommation ordinaire d’un Caddie. Boîtes Lustucru, filets de poulet à la sarladaise Fleury Michon, mousseline Maggi, Pringles, Coca-Cola, hachis Parmetier Findus, gâteaux secs apéritifs… Le tout-venant des rayons d’un magasin ordinaire surmonté d’une croix, elle-même composée de boîtes d’œufs en cartons. En somme, c’est la sacralisation de la table par une désacralisation, son entrelacs de nourritures contemporaines, ou ce qu’il en reste.

Eleonora Marino confronte ainsi nourritures terrestres et spirituelles. Le sens du religieux impliqué dans la chair. Peu importe peut-être ce qu’on mange, même si, ici, les produits présentés relèvent plutôt de la consommation que de la cuisine. Suivant au plus près le titre de son exposition, « Cooking religion », c’est le rapport entre nourriture et religion qui domine. Après tout, les pâtes Corzetti valent bien l’hostie. Rien de moins qu’une affaire de culture italienne. Une affaire d’identité.

27_logo.jpgC’est précisément cela qui gouverne cette artiste contemporaine, formée à Milan, à la fois comédienne, plasticienne, metteur en scène, également chargée de cours à l’Université Paris III. Et qui, dans le même esprit, présente à l’Espace Jemmapes un spectacle et des ateliers pour enfants articulés autour des saveurs et des identités culinaires. A chacun son paysage. Parce que « non seulement la nourriture est un système de saveurs mais aussi un paysage que chaque culture possède. La cuisine en est le seuil le plus accessible. Manger la cuisine de quelqu’un signifie franchir ce seuil et habiter son paysage. »

Jean-Claude Renard

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« COOKING : LE PARCOURS »

Pendant tout le mois de janvier, la Compagnie EMTHEATRE dirigée par Eleonora Marino présentera ses spectacles, ses installations plastiques et performances.

Installations plastiques du 7 au 30 janvier 2010 :

« Cooking religion- l’installation », d’Eleonora Marino

« La pyramide » – restitution d’atelier avec les enfants

« Dis-moi ce que tu manges » Installation sonore

Spectacles :

« Cooking Religion, la cuisine comme identité »

Vendredi 29 janvier à 20h et samedi 30 janvier à 16h

« E471, la nourriture de l’âme »

mercredi 19 et jeudi 20 mai à 15h (tout public dès 6 ans).

Entrée libre sur réservation au 01 48 03 11 09

Immix Galerie

Espace Jemmapes, 116 quai de Jemmapes, 75010 Paris

Du lundi au vendredi de 9h à 22h30, le samedi de 13h à 22h30, M° Gare de l’Est, www.jemmapes.com

Contact Cie: emtheatre@yahoo.fr et www.emtheatre.com

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Jean-Claude Renard
Jean-Claude Renard, journaliste à Politis et auteur, amateur passionné de gastronomie, a notamment écrit : avec Michel Portos, "Michel Portos. Le Saint-James en 65 recettes", (Flammarion, 2011) ; avec Yves Camdeborde, "Simplement bistrot" (Michel Lafon, 2008) ; avec Emmanuelle Maisonneuve, "Mots de cuisine" (Buchet-Chastel, 2005) ; "La Grande Casserole" (Fayard, 2002). "Arrière-cuisine" est paru aux éditions de la Découverte en 2014. Il a également publié "Marcello" (Fayard, 2002), "Céline, les livres de la mère" (Buchet Chastel, 2004), "Italie. Histoire, société, culture" (La Découverte, 2012), avec Olivier Doubre et "Si je sors je me perds" (éditions L'Iconoclaste, janvier 2018). Nous avons appris avec grande tristesse le décès de Jean-Claude, survenu le 31 octobre 2022 (https://www.politis.fr/articles/2022/11/en-memoire-de-jean-claude-renard-journaliste-a-politis-44997)